Fruits et légumes : des médicaments à prescrire ?

Les bienfaits des fruits et légumes pour la santé ne sont plus à démontrer à présent. Les médecins et spécialistes du bien-être recommandent d’en consommer régulièrement. Toutefois, récemment, une nouvelle approche semble encore mettre un peu plus en avant les vertus de ces types d’aliments. Cette fois-ci, en plus d’être de la bonne nourriture, les chercheurs les placent désormais au même titre que les médicaments à prescrire. De quoi s’agit-il au juste ? Voici tout ce qu’il faut retenir à ce sujet !

La médecine alimentaire : un traitement bénéfique pour la santé et le bien-être

La consommation de fruits et légumes est indispensable pour rester en forme selon les médecins et les professionnels de la santé. A la fois délicieux et nutritifs, ces aliments présentent de nombreux avantages pour l’homme. Différentes études scientifiques se sont d’ailleurs penchées sur ce sujet afin de définir leur importance. Plusieurs recherches affirment même qu’ils pourraient agir comme de véritables médicaments curatifs. A l’inverse il est fréquent de se poser des questions sur d’éventuels effets délétères de nos pratiques alimentaires sur notre santé.

Bien entendu, une simple théorie ne suffit pas pour valider cette affirmation. C’est la raison pour laquelle plusieurs experts se sont lancés dans l’expérimentation de petits programmes individuels de prescription de fruits et légumes. Il s’agit de dispositifs consistant à prescrire des aliments sains, à l’instar des médicaments, afin de permettre aux personnes souffrant de maladies liées à l’alimentation d’y accéder plus facilement.

A ce jour, il existe plusieurs études qui traitent sérieusement le sujet. Celle dirigée par le professeur Kurt Hager et son équipe de la Friedman School of Nutrition Science and Policy de l’Université Tufts, à Boston, en 2022, reste cependant la plus grande du domaine. La recherche, impliquant 9 programmes de prescription lancés à travers les Etats-Unis, a été publiée dans la revue Circulation : Cardiovascular Quality and Outcomes.

L’étude s’est focalisée sur le traitement par des fruits et légumes de plus de 1 800 enfants et 2 000 adultes présentant un risque de maladies cardiométaboliques. Après 6 mois d’expérience, l’équipe de recherche a ensuite analysé les dossiers médicaux de ces patients. L’objectif étant d’évaluer l’efficacité de cette “médecine alimentaire” effectuée par le biais de ces programmes.

Les résultats de l’étude ont été particulièrement intéressants. Les chercheurs ont observé des impacts positifs significatifs sur la santé des sujets souffrant de diabète, d’hypertension et d’obésité. Les prescriptions d’aliments sains s’avèrent donc être très bénéfiques pour le bien-être d’un individu. Ces conclusions ont ainsi poussé ces experts à recommander l’application de cette nouvelle forme de médecine à grande échelle.

Une solution pratique et avérée pour résoudre plusieurs maladies

Les programmes étudiés par le Pr Kurt Hager et son équipe concernaient essentiellement ceux de l’organisation à but non lucratif, Wholesome Wave. L’entité les avait lancés dans 12 États américains et déployés sur 22 sites du territoire. C’est le cas notamment de Houston, de Los Angeles, de Minneapolis ainsi que d’autres secteurs du pays. L’objectif étant de rendre la consommation des fruits et légumes plus accessibles aux foyers modestes.

Les bénéficiaires étaient des volontaires recrutés dans les cliniques présentes dans les quartiers avec les plus faibles revenus. Ils recevaient ensuite des bons, des cartes de débit ou des cartes de fidélité avec un crédit de 65 dollars par mois environ. Ces offres leur permettaient d’obtenir des produits de qualité à prix réduits ou gratuitement dans les épiceries et marchés de producteurs partenaires.

En contrepartie, les participants devaient toutefois s’engager à suivre un cours de nutrition en parallèle du dispositif. Ils devaient aussi remplir un formulaire spécifique et effectuer des examens de santé au début et à la fin du programme. Leur indice de masse corporelle (IMC), leur tension artérielle ainsi que leur taux de glycémie ont été mesurés dans ce sens. Ces check-up sont évidemment destinés à vérifier l’efficacité du traitement alimentaire.

Le constat était sans équivoque pour les initiateurs de l’étude. L’expérience a révélé que les participants, petits et grands, ont tous consommé davantage de fruits et légumes durant le traitement. De plus, les adultes souffrant d’hypertension artérielle à leurs inscriptions ont vu leur pression artérielle systolique et leur pression artérielle diastolique diminuées respectivement de 8 mm Hg et de 5 mm Hg en fin de programme.

Les résultats montraient aussi une nette amélioration auprès des personnes obèses avec une diminution de 0,52 kg/m2 de leur IMC. Il en était de même chez les diabétiques avec une glycémie plus faible de l’ordre de 0,29 à 0,58 points de pourcentage en moins. D’autres signes d’amélioration d’état de santé des participants ont aussi été observés. Par ailleurs, la majorité d’entre eux n’étaient plus prédisposés à souffrir d’une insécurité alimentaire.

Différentes lacunes observées au niveau du programme

Avec des résultats aussi prometteurs, l’équipe du Pr Kurt Hager ne pouvait évidemment qu’affirmer l’efficacité de la médecine alimentaire sur la santé. Les initiateurs de l’étude, bien que confiants, restent toutefois lucides. Selon eux, il faut encore effectuer d’autres recherches plus poussées pour évaluer correctement ce type de traitement. De plus, d’importantes lacunes au niveau de l’étude peuvent être évoquées.

Le plus notable reste, bien entendu, l’absence d’un groupe témoin pour la comparaison en fin de programme. L’impact de la Covid-19 sur le dispositif est aussi à considérer comme l’étude s’est déroulée durant une période fortement touchée par la pandémie. D’autres données manquent également à l’appel, comme les types de programmes les plus adaptés ainsi que leur durée pour plus d’efficacité.

Les chercheurs évoquent aussi le cas de l’évolution de l’état de santé des participants après la fin du traitement. Aucune donnée ne peut aussi encore affirmer la durabilité des améliorations apportées par ces programmes sur la santé. A noter que le Programme National Nutrition Santé (PNNS) recommande de manger au moins 5 portions de fruits et légumes par jour.

En septembre 2022, une initiative similaire aux programmes de prescription alimentaire a été lancée aux Etats-Unis par l’American Heart Association et la Fondation Rockefeller. Appelée “Food is Medecine”, il s’agit d’un dispositif de prescriptions médicales permettant aux patients de bénéficier d’une alimentation saine. L’objectif de cette approche étant d’aider ces personnes à mieux gérer et prévenir les maladies chroniques.

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