Le monde de la gastronomie française est un cycle perpétuel, rythmé par des fermetures historiques et des ouvertures spectaculaires. Alors qu’une institution outre-Atlantique tire sa révérence après un demi-siècle d’existence, la Dame de Fer à Paris s’offre un renouveau culinaire vertigineux. Retour sur ces deux actualités marquantes qui redessinent le paysage gourmand.
La fin d’une ère dans le Maryland
C’est une course contre la montre qui s’est engagée à Ellicott City, aux États-Unis. Obtenir une table chez Tersiguel’s relève désormais du défi. Après cinquante ans de bons et loyaux services, ce bastion de la cuisine française classique sert ses ultimes repas ce week-end. Les habitués, comme Brian Schwenk, client fidèle depuis trente ans, considèrent le personnel comme une extension de leur propre famille et se pressent pour saluer l’équipe une dernière fois. Le téléphone n’arrête pas de sonner, non seulement pour des réservations impossibles, mais pour des remerciements émus adressés à Michel Tersiguel, le chef propriétaire. Ses parents avaient ouvert l’établissement sous le nom de « Chez Fernand » en mil neuf cent septante-cinq, ancrant ainsi leur histoire dans celle de la communauté locale.
Un héritage breton et une succession assurée
L’histoire de ce restaurant est celle d’une famille originaire de Bretagne. Fernand, le père, était une figure locale incontournable, connu pour son accueil chaleureux, ses découpes de chateaubriands en salle et ses crêpes Suzette flambées. Après un incendie dévastateur en mil neuf cent quatre-vingt-quatre et plusieurs déménagements, le restaurant avait retrouvé sa place sur Main Street en mil neuf cent nonante. Michel, qui a débuté en aidant ses parents à onze ans, a repris le flambeau en modernisant la cuisine grâce à son expérience acquise en France et dans la Napa Valley. Mais après avoir traversé les inondations, la pandémie et l’inflation des coûts, Michel souhaite désormais préserver sa santé et profiter de ses fils. Heureusement, le bâtiment historique ne restera pas vide. Dès le mois de mars, Nathan Sowers, un ancien boulanger de la maison, y installera son « River House Pizza Co. ». Une transition qui rassure les riverains, espérant voir le nouveau propriétaire connaître la même longévité.
Paris s’éveille au premier étage
Pendant que cette page se tourne aux États-Unis, une autre s’écrit à Paris, à cinquante-sept mètres au-dessus du sol. La Tour Eiffel accueille sa nouvelle table : Madame Brasserie. Signé par le chef Thierry Marx, ce nouvel établissement remplace l’offre précédente avec une promesse alléchante : une vue imprenable sur la capitale couplée à une cuisine créative valorisant les produits locaux. Jean-François Martins, président de la société d’exploitation du monument, voit en ce lieu une immersion dans le Paris contemporain, incarnant l’élégance et le savoir-faire à la française. L’ambition est claire : attirer non seulement les touristes, mais aussi un public local en quête de découvertes.
Une logistique pensée pour l’expérience
L’accès à ce nouveau temple gourmand ne s’improvise pas. Oubliez l’idée de monter à l’improviste. Une fois la réservation effectuée, il est vivement conseillé d’arriver une demi-heure en avance. Le parcours est fléché : une file d’accès rapide au premier contrôle, suivie d’un passage obligatoire au kiosque situé sur le parvis pour récupérer les laissez-passer avant de rejoindre l’ascenseur privé. Une fois là-haut, le cadre séduit immédiatement. Les designers Ramy Fischler et Nicola Delon ont misé sur la transparence avec d’immenses baies vitrées et des matériaux bruts et durables, créant une atmosphère chic et moderne qui convient aussi bien aux déjeuners d’affaires qu’aux soirées romantiques.
Une tarification échelonnée selon la vue
Dans l’assiette, Thierry Marx prône une approche « artisanale », cherchant à donner de la mémoire à l’éphémère avec une cuisine saine et simple. Cependant, l’addition dépendra grandement de votre emplacement dans la salle. Le midi, les tarifs débutent à quarante-huit euros au cœur de la brasserie, grimpent à quatre-vingt-cinq euros pour une vue sur l’intérieur de la Tour, et atteignent cent vingt euros pour le panorama plongeant sur la Seine et le Trocadéro. Le soir, l’ambiance se raffine et les prix oscillent entre cent septante-cinq et deux cent quarante-cinq euros. Il faut noter que les formules avec vue incluent généralement le champagne et les vins, justifiant ainsi cette gamme de prix pour une expérience qui se veut durable et mémorable.